L'inversion des dents : théâtre / Jean Cagnard
Langue : français.Pays : France.Description : 1 vol. (22 p.)ISBN : 978-2-84705-146-9.Collection: Collection Espace théâtre, 1158-9892Résumé : Une voix de femme, c'est le moyen que j'ai trouvé pour exprimer ce que la mienne n'était pas capable de produire, le médium à la fois le plus proche et le plus éloigné de ce que je suis, l'autre sexe, le mystère. Il fallait une force qui me soit familière et qui puisse aller au-delà de mes propres ressources. J'ai supposé que je pouvais le faire avec une voix qui avait forcément beaucoup plus d'élan et d'explosivité, depuis le temps qu'on la réprime et à laquelle je prêterais la capacité d'exprimer ma peur. La violence vient de ce que j'entends dans la radio à l'heure des informations où les mots semblent épuisés et leur représentation, indistincte et hygiénique. Comme s'il n'était pas supportable, le sens se perd derrière la profusion et l'habitude. Pour parler de la réalité, le mot doit être à la hauteur de l'acte qu'il y a derrière. Il doit dire l'ordure, la dégueulasserie. Viol, massacre, famine, exode, bateau même. Le mot doit hurler, chaque mot doit hurler. Sinon, c'est de la trahison, de la conversation de salon. Mais quel langage employer pour dire l'horreur sans être dans l'horreur, sans dégoûter ? Quel mot peut en remplacer un autre qui semble tout dire ? Ce sont les nouvelles du monde, que nous écoutons d'une oreille totalement plate parce qu'il faut continuer à vivre. Nous prenons les informations et laissons les événements à ce qu'ils sont. Nous nous tenons informés, c'est notre courage. Notre courage loin du carnage..Item type | Home library | Call number | Vol info | Status | Date due | Barcode | |
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Livre | Théâtre Joliette | TH CAG (Browse shelf(Opens below)) | 1 | Available | JOL-001209 |
Une voix de femme, c'est le moyen que j'ai trouvé pour exprimer ce que la mienne n'était pas capable de produire, le médium à la fois le plus proche et le plus éloigné de ce que je suis, l'autre sexe, le mystère. Il fallait une force qui me soit familière et qui puisse aller au-delà de mes propres ressources. J'ai supposé que je pouvais le faire avec une voix qui avait forcément beaucoup plus d'élan et d'explosivité, depuis le temps qu'on la réprime et à laquelle je prêterais la capacité d'exprimer ma peur. La violence vient de ce que j'entends dans la radio à l'heure des informations où les mots semblent épuisés et leur représentation, indistincte et hygiénique. Comme s'il n'était pas supportable, le sens se perd derrière la profusion et l'habitude. Pour parler de la réalité, le mot doit être à la hauteur de l'acte qu'il y a derrière. Il doit dire l'ordure, la dégueulasserie. Viol, massacre, famine, exode, bateau même. Le mot doit hurler, chaque mot doit hurler. Sinon, c'est de la trahison, de la conversation de salon. Mais quel langage employer pour dire l'horreur sans être dans l'horreur, sans dégoûter ? Quel mot peut en remplacer un autre qui semble tout dire ? Ce sont les nouvelles du monde, que nous écoutons d'une oreille totalement plate parce qu'il faut continuer à vivre. Nous prenons les informations et laissons les événements à ce qu'ils sont. Nous nous tenons informés, c'est notre courage. Notre courage loin du carnage. éditeur